dimanche 31 octobre 2010

Le Passeport


Voilà
c'est à cause de ce montage-là de Jindrich Styrsky dans une anthologie du surréalisme que je me suis dit que peut-être je pourrais essayer un jour moi aussi après tout oui que je pourrais peut-être oser... Et puis aussi parce qu'une fois, au début où nous nous connaissions, rendant visite à Agnès qui avait gardé la chambre parce qu'elle était un peu malade, j'avais vu des collages qu'elle avait réalisés et qui m'avaient plu bien que cela me parût curieux de réaliser de telles choses qui, dans le milieu où j'avais grandi, semblaient tout à fait saugrenues inutiles et dont la possibilité ne m'avait jamais été offerte. Voilà sans doute pourquoi, quatre ou cinq ans se sont écoulés avant que je ne m'autorise enfin à le faire...

samedi 30 octobre 2010

Attock, un souvenir



Voilà
le temps d'une halte nous nous sommes attardés. Une pluie fine et persistante embuait le paysage, mais il m'a semblé que le lieu et le moment voulaient échapper au cours indifférent des choses et demeurer non pas ensevelis en moi sous d'autres souvenirs, mais survivre au regard que je portais sur eux. Un pont enjambait le fleuve, un camion solitaire le traversait. Les mots fuyaient encore, le ciel avait la couleur de l'eau. Je me tenais donc là (cela n'arriverait plus jamais) sur les bords de l'Indus, paisible et majestueux. Sénèque a dit autrefois  – je l'ignorais alors – que ses eaux tièdes charrient des diamants à travers les déserts.... J'aurais voulu me dissoudre dans la couleur uniforme de ce moment.

vendredi 29 octobre 2010

Comme un Soulages


Voilà,
c'est pas grand chose, mais quand même : une attitude suspicieuse et même vaguement menaçante. La vendeuse, me voyant photographier la pellicule plastique enveloppant une livraison posée devant sa vitrine, sort avec précipitation de son magasin de luminaires et me demande abruptement "c'est pourquoi ?". Tout en continuant de prendre des clichés, je lui demande si elle connaît le peintre Soulages qui a beaucoup travaillé sur le rapport de la lumière et de la couleur noire. Ma question semble la destabiliser, non elle ne connaît pas. Je lui explique que je fais la même chose, et qu'il ne faut pas s'inquiéter. Elle me regarde un instant perplexe, dit "Ah bon" et retourne à son travail, après avoir tout de même esquissé un léger sourire. Ouf, la commerçante a repris le dessus - in extremis.

jeudi 28 octobre 2010

Le Totem



Voilà
certains dimanches, Philippe et Dominique décidaient d'aller rue Berryer en famille visiter le Fonds National d'Art Contemporain, préfiguration du centre Pompidou en construction, situé dans l'hôtel particulier Salomon de Rothschild. Comme ils m'avaient en quelque sorte adopté, j'étais moi aussi de l'expédition. J'avais dix-sept ans et l'art moderne m'était alors à peine moins exotique que les iles Tuvalu et aussi énigmatique que l'aurait été un film tchèque sous titré en hongrois. Je me souviens cependant du choc suscité par les armoires monumentales et inutiles de Louise Nevelson, de ma perplexité et de ma sidération devant ce fascinant bricolage totémique, ces agencements inattendus, qui, en dépit de leur statut d'objet, semblaient me regarder autant que je les observais. Ils m'apparaissaient comme chargés d'une multitude d'histoires secrètes que dissimulait le noir uniforme qui les liait. Je ne pouvais m'empêcher de songer au coffre à jouets de mon enfance qui était en fait une caisse de munitions, à tous ces bois de récupération avec lesquels mon père avait fabriqué des meubles de fortune lorsqu'il ne nous restait plus rien du retour d'Algérie. Il était donc possible de faire quelque chose d'artistique avec peu, avec des rebuts. On pouvait donc donner du sens et de la grandeur à ce qui était pauvre, méprisé, rejeté...
Il m'arrive parfois de retourner au centre Pompidou et de m'attarder devant cette sculpture. Exposée en pleine lumière, elle n'a plus cette aura de mystère que lui conférait son exposition d'autrefois dans la pénombre. Mais chaque fois que je la retrouve son énigme demeure, et je sais que quelque chose de mon histoire y est à jamais associé. Elle me renvoie à toutes ces personnes aimées qui m'ont éveillé, ouvert les yeux, fait grandir, m'ont éloigné de mes démons et donné le goût de la beauté et de la vie. Elle les rend présentes, intensément vivantes et proches. Oui proches surtout. Elle est là, comme une sentinelle qui veille et préserve pour moi ce temps où mon regard sur les choses a commencé de changer.

mercredi 27 octobre 2010

Mains




Voilà,
 1. Extrémité du membre supérieur de l'homme, articulée avec l'avant-bras au niveau du poignet et qui finit à l'extrémité distale des doigts. Caractérisée par sa fonction essentielle, la préhension, permise grâce au pouce, opposable à tous les autres doigts, la main est aussi l'organe essentiel du toucher. / Le dessus, la paume, les cinq doigts de la main. Saluer quelqu'un en lui serrant la main. J'ai votre dossier en main : je m'en occupe. Ouvrage fait à la main, uniquement par un travail manuel. Vote à main levée. Dessin à main levée, fait rapidement, sans poser la main. Il a pris la première arme qui lui est tombée sous la main, qu'il a trouvée. [Ce mot entre dans de nombreuses expressions, où il symbolise l'activité, le pouvoir, la possession, l'échange, etc.] Spéc. Faute de main, qui consiste à toucher le ballon de la main (au football). Loc. adj. Main(s)-libre(s). Téléphone mains-libres, dans lequel récepteur et microphone sont incorporés. 2. ZOOL. Extrémité du membre antérieur des Primates. 3. Symbole de l'autorité, du pouvoir d'une personne, ou cette personne elle-même. Un événement marqué par la main de Dieu. Il a trouvé une main charitable pour lui venir en aide. 4. Aux jeux de cartes, l'initiative. Avoir la main ; passer la main. Avoir une belle main : des cartes favorables. Avoir, faire, être à la main : au baccarat, être le banquier. 5. Manière d'un artiste, d'un créateur. C'est là qu'on reconnaît la main du maître. Se faire la main : s'exercer. Perdre la main : perdre son habileté. Tour de main : mouvement manuel habile d'une personne expérimentée. 6. Petite main : ouvrière de mode débutante, qui a environ 30 mois d'apprentissage. Seconde main : ouvrière qui a accompli entre 36 et 45 mois d'apprentissage. Première main : ouvrière ayant suivi une formation professionnelle de 54 à 60 mois et dont la connaissance du métier est complète. Elle est première main tailleur. 7. Vx. Main chaude : jeu de société dans lequel un joueur, les yeux bandés, tend la main et doit deviner quelle personne lui a donné une tape dans la main. 8. Main à main : exercices d'équilibre de deux artistes qui se tiennent par les mains, l'un portant l'autre. 9. DR. CIV. Main commune : clause par laquelle les époux conviennent, dans leur contrat de mariage, d'administrer conjointement la communauté. 

mardi 26 octobre 2010

Le Flâneur


Voilà
finalement j'ai touché à tout sans jamais vraiment rien saisir. Et ce que j'ai cru saisir m'a échappé je n'ai pas su le retenir. Qu'une fraction de seconde puisse changer le cours d'une vie, j'en ai conscience. Je le crains souvent, je l'espère parfois. Et si je collectionne les fractions de seconde, au bout du compte, de tout cela il ne reste pas grand chose. Quelques empreintes que dépose l'errance du flâneur. Ni tout à fait étranger, ni vraiment de ce monde (il n'a pour moi guère plus de clarté que que le sommeil d'une bête), j'arpente le territoire de mes inquiétudes, je vagabonde parmi des paysages peuplés de questions. Incertain je vais où me guident mes pas, où m'attire le regard. Bon an mal an je vais. Tant que je le peux, je vais...  Il faudra bien finir par se rendre. (Linked with Monday murals)