jeudi 10 février 2022

Devant un paysage d'enfance

 

Voilà,
devant ce paysage qui me rappelle tant mon enfance, je n'arrive pas à réaliser que la cinquième limite planétaire vient d’être officiellement franchie. Cela demeure une information que je ne peux mettre en lien avec ce que je vois, et ce que je ressens, parce que rien ne semble avoir changé ici, pour qui ne fait que passer. Pourtant, le 18 janvier dernier, des scientifiques du Stockholm Resilience Center (SRC) ont confirmé que nous avons franchi la limite “pollution chimique” aussi appelée “introduction d’entités nouvelles dans la biosphère“. La cinquième donc, sur les neuf limites planétaires identifiées. C'est une menace supplémentaire contre la stabilité des écosystèmes mondiaux nécessaire à la survie de l’humanité. Rien d'étonnant : la production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950 et devrait encore tripler d’ici 2050. Une progression jugée "préoccupante" — c'est un euphémisme — selon une étude récemment publiée dans la revue Environmental Science & Technology, puisqu'elle nous fait franchir une "limite planétaire". 
Inventée en 2009 par des scientifiques du climat et de l’environnement, cette notion exprime les seuils que l’humanité ne doit pas dépasser dans certains domaines pour que les conditions dans lesquelles elle a pu se développer ne soient pas compromises
Au total, neuf limites ont été répertoriées :

  • le changement climatique (la concentration de CO2 doit rester inférieure à 350 parties par million – PPM – dans l’atmosphère), 
  • l’érosion de la biodiversité (mesurée en disparition d’espèces et en perte des fonctions écologiques),  
  • la modification des usages des sols
  • la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore
  • l’utilisation d’eau douce (inférieure à 4 000 km3/an), 
  • la diminution de la couche d’ozone, 
  • l’acidification des océans, 
  • la concentration des aérosols atmosphériques 
  • la pollution chimique. 
Les quatre premières limites sont déjà considérées comme franchies à des niveaux divers. Par exemple, la teneur de l’atmosphère en CO2 s’établit déjà aux environs de 420 ppm.
Cette fois, les scientifiques se sont concentrés sur l’impact de la pollution chimique sur la stabilité du système terrestre, pour constater que cette limite était également dépassée. Selon l’étude, il existe environ 350 000 types différents de produits chimiques manufacturés sur le marché mondial : plastiques, pesticides, produits chimiques industriels, produits chimiques dans les produits de consommation, antibiotiques et autres produits pharmaceutiques. Or, des volumes importants pénètrent les écosystèmes et les organismes vivants chaque année. Le rapport conclut que "le rythme auquel les sociétés produisent et libèrent de nouveaux produits chimiques et d’autres nouvelles entités dans l’environnement n’est pas compatible avec le fait de rester dans un espace d’exploitation sûr pour l’humanité". Les chercheurs appellent à la création d’un plafond sur la production et au rejet de produits chimiques. Ils préconisent en outre de se tourner vers l’économie circulaire.
 En France, la nouvelle n'intéresse aucun média mainstream. On préfère relayer les conneries des différents candidats à l’élection présidentielle, comptabiliser le nombre de médailles d'or de la France aux Jeux olympiques, se féliciter de la vente de quelques avions de combats à une puissance étrangères, se passionner pour les marques qui se tournent vers le métavers, débattre du  port du hijab dans le football féminin scolaire et autres compétitions sportives etc...
Selon la neurobiologiste Sylvie Granon, l'inaction face au désastre planétaire en cours tiendrait au fait que le cerveau humain est réticent à toute modification de ses habitudes parce que "le changement est extrêmement énergivore et stressant pour l’organisme, lequel va essayer de diminuer l’impact de ce stress en adoptant les comportements les plus automatiques et les plus rassurants possible. Quelqu’un qui propose de continuer comme d’habitude aura toujours raison face à quelqu’un qui appelle à changer". Il faut sans doute trouver là une des raisons pour lesquelles l'un des candidats de l'extrême-droite recueille tant d'intentions de vote. Il exalte la possibilité de retrouver la France d'avant, une France fantasmée (qui n'a jamais existé) où tout allait bienEst-ce un effet de dissonance cognitive ? Pour ne pas se mettre psychiquement en danger, l’individu a besoin de maintenir une certaine cohérence entre ses croyances, ses attentes et ses actes. Quand la dissonance est trop grande, cela provoque une réaction de négation, de rejet, d’évitement ou d’oubli. Lorsque l'on comprendra qu'il est temps de réagir peut-être alors sera-t-il trop tard. Je fais sans doute partie de la dernière génération qui n'aura pas eu à trop souffrir durant sa vie active, de la dégradation de l'équilibre écologique mondial.

9 commentaires:

  1. We have a bunch of issues to work on and nobody seems to want to do it.

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  2. La tête dans le sable, facile d'être autruche et d'ignorer l'érosion de la côte et des idées.

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  3. I love the picture. We are all trapped in the Theater of the Absurd.

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  4. That´s one mean sky. Mother Earth is angry.

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  5. With the ominous sky and the wind blowing in waves, this beach is not inviting for a swim or walk. The desolate posts in the foreground suggest abandonment. Your photo captures an anxious mood.

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  6. Very interesting photo. I can't read your post so I am very curious about what I am looking at!

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