vendredi 31 mars 2017

Sens interdit



Voilà,
ce qui fait qu'une photo me semble intéressante, je ne le sais pas vraiment. Celle-ci, je l'ai prise parce que je me sentais tout à fait étranger à ce paysage urbain. C'est une partie de Paris où je ne me rends que très rarement, et lorsque j'y vais c'est un peu une corvée. Pour moi, c'est à l'autre bout de la ville. Ensuite l'aspect décrépit de ce bâtiment voué à une destruction prochaine avec cette affiche en trompe-l'œil dans l'embrasure d'une porte condamnée, m'a retenu comme autrefois les bâtiments en ruines du quartier où j'habite depuis longtemps et qui a été totalement reconstruit dans les années 80. La photo a toujours à voir avec ce qui apparaît-aussitôt-disparaît et donc avec l'occasion qui jamais plus ne se reproduira telle quelle. Et puis cet instantané, je l'aime autant pour l'état dans lequel je me trouvais (l'Einstellung dont parle Wenders), mélange, ce jour là, de fatigue et de félicité, que pour le jeu des lignes et les détails que j'y vois et me paraissent absurdes. En outre, cette image, je l'ai immédiatement imaginée en noir et blanc, c'est à dire que j'ai anticipé le rendu de la composition, la transcription possible de ce que je voyais tout en appuyant sur le déclencheur. Peut-être la réalité rejoignait elle simplement quelque chose que j'avais déjà en tête, la sensation que tout ce que j'aperçois désormais relève des "pictures of the gone world", titre du plus célèbre recueil de poèmes de Ferlinghetti, qui m'a par ailleurs toujours fasciné, même si ce n'est pas le monde qui s'en va, mais moi qui, à plus ou moins brève échéance, serai inévitablement amené à le quitter. Linked with the weekend in black and white)

3 commentaires:

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