Voilà,
"L'humanité ne m'intéressait pas, elle me dégoûtait même, je ne considérais nullement les humains comme mes frères, et c'était encore moins le cas si je considérais une fraction plus restreinte de l'humanité, celle par exemple constituée par mes compatriotes, ou par mes anciens collègues. Pourtant en un sens déplaisant, je devais bien le reconnaître, ces humains étaient mes semblables, mais c'est justement cette ressemblance qui me faisait les fuir ; il aurait fallu une femme, c'était la solution classique, éprouvée, une femme est certes humaine mais représente un type légèrement différent d'humanité, elle apporte à la vie un certain parfum d'exotisme.". J'ai trouvé ces quelques lignes dans le dernier livre de Michel Houellebecq, "Soumission" dont la fable de politique fiction ou d'uchronie est une pochade plutôt ratée, dont rétrospectivement on comprend assez mal le tintouin qui en a été fait. Ou plutôt on réalise à quel point, cet auteur et sa production sont devenus un produit marketing, qui à ce titre, a rencontré son époque avec le massacre du 7 Janvier 2015, jour de parution de ce livre, quand fut décimée la rédaction de Charlie-Hebdo, et tués des citoyens français d'origine juive dans un hypermermarché casher par des extrêmistes musulmans. Mais restent cependant quelques passages tout à fait réjouissants quand il évoque les universitaires, parle de Huysmans, ou encore lorsqu'il décrit les comportements de son héros, frustré dépressif misanthrope et sexiste. En fait une fois de plus, il brille surtout par sa description cynique de ce qui régit les rapports des hommes et des femmes dans la France de ce début de millénaire (d'où cette image de couple pour illustrer cette publication) et par la peinture des relations professionnelles entre "collègues" ou "collaborateurs". J'en citerai vraisemblablement d'autres dans les semaines à venir.