Voilà,
devant l'escalator qui la hausserait bientôt sur l'esplanade elle sentit l'angoisse la tenailler. Qu'allait-il se passer durant cette journée ? Elle appréhendait ce moment où elle se retrouverait dans une salle de réunion parmi des inconnus et peut-être aussi en compagnie de collègues qui sauraient tout de sa peur panique d'intervenir en public. Elle n'avait rien demandé. Son manager trouvait qu'elle manquait d'assurance et pour cette raison lui avait recommandé une formation. "Communication persuasive" était-il écrit sur sa convocation. Ce que redoutait le plus Nathalie Couston, c'était d'être filmée, de devoir se confronter à sa propre image en présence d'autres qui ne manqueraient pas de la juger. Elle se trouvait laide, ne supportait pas de se voir. Son mari lui répètait sans cesse qu'elle était coincée froide et sans imagination. Sans doute avait-il raison. Il la contraignait parfois à faire de ces choses qui la dégoûtaient et dont elle avait peine à imaginer que d'autres puissent y trouver du plaisir. À quoi bon tout ça songeait elle. Une journée grise et sans joie commençait. Une de plus. Elle se souvint de la fois où, en quatrième, elle avait séché tout un après-midi et de cette exaltante sensation de liberté qui l'avait alors accompagnée, mais aussi de la punition qui s'en était suivie et de la honte ensuite éprouvée. Une seconde, elle fut traversée par le souvenir vague et fugace d'un poème appris autrefois où il était question d'automne de mélancolie et de vent mauvais. Elle pressa le pas. Il ne fallait surtout pas qu'elle arrive en retard. Quelque chose d'autre s'insinua dans ses pensées. Avait elle correctement refermé la porte du congélateur ? (Linked with The weekend in black and white)